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06/04/2008

OU L'ON EXPLIQUE CE QU'IL FAUT ENTENDRE PAR NUIT OBSCURE ET COMBIEN IL EST NÉCESSAIRE DE LA TRAVERSER POUR PARVENIR À L'UNION DIVINE.

 

 
 
LA MONTÉE DU CARMEL

DE ST JEAN DE LA CROIX

 

LIVRE PREMIER

 

OU L'ON EXPLIQUE CE QU'IL FAUT ENTENDRE PAR NUIT OBSCURE
ET COMBIEN IL EST NÉCESSAIRE DE LA TRAVERSER POUR PARVENIR À L'UNION DIVINE;
ON PARLE EN PARTICULIER DE LA NUIT DES SENS ET DES PASSIONS,
AINSI QUE DES DOMMAGES QU'ILS CAUSENT À L'ÂME.
 
 
 
 


 

« Par une nuit profonde,
Étant pleine d'angoisse et enflammée d'amour,
Oh! l'heureux sort!
Je sortis sans être vue,
Tandis que ma demeure était déjà en paix. »
 
 
 
 
 
 
 
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L'âme chante dans cette strophe l'heureux sort et la bonne fortune qu'elle a eu de se dégager de toutes les choses du dehors, des tendances et imperfections qui résident dans la partie sensitive de l'homme par suite du désordre où se trouve sa raison.

 

CHAPITRE IV
 

OÙ L'ON MONTRE
COMBIEN IL EST NÉCESSAIRE
QUE L'ÂME PASSE VRAIMENT PAR CETTE
NUIT OBSCURE, C'EST-À-DIRE PAR LA
MORTIFICATION DES SENS, POUR
MARCHER VERS L'UNION DIVINE. ON LE
PROUVE PAR DES COMPARAISONS, DES
IMAGES, ET L'AUTORITÉ DE
LA SAINTE ÉCRITURE.


 

 

 

Il est nécessaire que l'âme qui veut arriver à l'union divine passe par cette nuit obscure de la mortification de ses tendances et du renoncement à tous les plaisirs des biens sensibles. En voici la cause. Toutes les affections qu'elle porte aux créatures sont devant Dieu comme de pures ténèbres; tant qu'elle y est plongée, elle est incapable d'être pénétrée de la pure et simple lumière de Dieu. Elle doit donc tout d'abord les rejeter; car la lumière est incompatible avec les ténèbres. Saint Jean dit, en effet, que les ténèbres ne l'ont point reçue: Tenebrae eam non comprehenderunt (Jean, I, 5). La raison, c'est que, d'après l'enseignement de la philosophie, deux contraires ne peuvent être contenus dans un même sujet. Or, les ténèbres, c'est-à-dire l'affection que l'on porte aux créatures, et la lumière qui est Dieu, sont contraires et il n'y a entre elles ni ressemblance ni rapport, ainsi que l'enseigne saint Paul en s'adressant aux Corinthiens: Quae societas luci ad tenebras? « Quel rapport y a-t-il entre la lumière et les ténèbres? (II Cor., VI, 14) ». Il suit de là que la lumière de l'union divine ne peut pas s'établir dans une âme, si tout d'abord ses affections aux créatures n'en ont pas été chassées.

 Pour donner plus de clarté à cette doctrine, nous devons savoir que l'affection et l'attachement que l'âme porte à la créature la rend semblable à cette créature, et plus est grande l'affection qu'elle lui porte, plus aussi elle lui est égale et semblable, car l'amour établit la ressemblance entre celui qui aime et l'objet aimé. Voilà pourquoi le psalmiste, parlant de ceux qui placent leurs affections dans les idoles, dit: Similes illis fiant qui faciunt ea, et omnes qui confidunt in eis: « Qu'ils leur deviennent semblables ceux qui les font, et tous ceux qui mettent en elles leur confiance (Ps. CXIII, 8) ». Donc, celui qui aime la créature se place au niveau de cette créature, et même plus bas en quelque sorte, car l'amour non seulement rend semblables mais encore assujettit celui qui aime à l'objet aimé. Aussi, quand l'âme aime quelque chose en dehors de Dieu, elle est incapable de la pure union avec Dieu et de sa transformation en lui. La bassesse de la créature est, en effet plus éloignée de la grandeur du Créateur que les ténèbres ne le sont de la lumière. Toutes les créatures du ciel et de la terre comparées à Dieu ne sont rien, dit Jérémie: Aspexi terram, et ecce vacua erat, et nihil; et coelos, et non erat lux in eis: « J'ai regardé la terre, elle était vide et néant; j'ai considéré les cieux, et ils étaient sans lumière (Jer. IV, 23) ». Quand il dit qu'il a vu la terre vide, il donne à entendre que toutes les créatures de la terre n'étaient rien, et que la terre elle-même n'était rien; quand il dit qu'il a considéré les cieux et qu'il les a vus sans lumière, il veut dire que toutes les lumières du ciel, comparées à Dieu, ne sont que pures ténèbres.

 Par conséquent, si toutes les créatures considérées sous ce rapport ne sont rien, et l'affection qu'on leur porte moins que rien, nous pouvons dire qu'elles sont un obstacle et un empêchement à notre transformation en Dieu. Car les ténèbres ne sont rien, et moins que rien puisqu'elles sont une privation de la vue. De même que celui qui est dans les ténèbres ne comprend pas la lumière, de même l'âme qui est attachée à la créature ne peut comprendre Dieu; et tant qu'elle n'en sera pas détachée, elle ne pourra pas posséder Dieu ici-bas par la pure transformation de l'amour, ni là-haut dans la claire vision du ciel.

 Il faut expliquer davantage cette doctrine. Tout l'être des créatures comparé à l'être infini de Dieu n'est que néant. Dès lors, l'âme qui met son affection dans l'être des créatures est néant, elle aussi, devant Dieu, et même moins que néant; car, ainsi que nous l'avons dit, l'amour rend celui qui aime égal et ressemblant à l'objet aimé; il le met même au-dessous. Aussi cette âme ne pourra nullement s'unir à l'être infini de Dieu, car ce qui n'est pas n'a pas de rapport avec ce qui est.

 De même, toute la beauté des créatures comparée à la beauté infinie de Dieu n'est que souveraine laideur, comme le dit Salomon au livre des Proverbes: Fallax gratia et vana est pulchritudo: « Trompeurs sont les charmes et vaine est la beauté (Prov. XXXI, 30) ». Ainsi l'âme qui est attachée à la beauté d'une créature quelconque participe devant Dieu à sa laideur. Voilà pourquoi cette âme qui est laide ne pourra se transformer dans la beauté divine, car la laideur est incompatible avec la beauté.

 De même encore, toutes les grâces et les attraits des créatures comparés avec la grâce de Dieu ne sont que disgrâce souveraine et souverain déplaisir. Aussi l'âme qui se laisse prendre aux bonnes grâces et aux attraits des créatures est souverainement disgracieuse et désagréable aux yeux de Dieu; elle n'est pas capable de la grâce infinie de Dieu et de ses attraits, car ce qui est souverainement disgracieux est infiniment distant de Celui qui est la grâce même.

 Toute la bonté des créatures du monde comparée à la bonté infinie de Dieu n'est que souveraine malice. Il n'y a de bon que Dieu seul (Luc, XVIII, 19). Aussi l'âme qui s'attache aux biens de ce monde est souverainement mauvaise devant Dieu. De même que la malice n'est pas capable de comprendre la bonté, de même l'âme dont nous parlons ne pourra s'unir parfaitement à Dieu, qui est souveraine bonté.

 Toute la sagesse du monde et l'habileté des hommes comparée à la sagesse infinie de Dieu n'est qu'une pure et souveraine ignorance, comme le dit saint Paul en s'adressant aux Corinthiens: Sapientia enim hujus mundi stultitia est apud Deum: « La sagesse de ce monde est folie devant Dieu (I Cor. III, 18) ». Aussi toute âme qui s'appuie sur sa science et son habileté pour arriver à s'unir à la sagesse de Dieu est souverainement ignorante devant Dieu et en restera bien loin, car l'ignorance ne connaît pas ce qu'est la sagesse. Saint Paul dit que cette sagesse du monde est une folie devant Dieu. Ceux qui s'imaginent posséder quelque connaissance sont très ignorants, comme le dit le même apôtre: Dicentes enim se esse sapientes, stulti facti sunt: « Ils ont dit qu'ils étaient des sages, et ils sont devenus des insensés (Rom. I, 22) ». Ceux-là possèdent la sagesse de Dieu qui se font petits et ignorants, renoncent à leur science et marchent avec amour dans la voie du service de Dieu. Saint Paul enseigne encore cette sorte de sagesse quand il dit: « Si quelqu'un croit être sage parmi vous, qu'il se fasse ignorant pour être sage, car la sagesse du monde est folie devant Dieu (I Cor. III 18-19) ». Aussi l'âme qui veut s'unir à la sagesse de Dieu doit passer par le non-savoir, et non par le savoir.

 Toute la souveraineté et la liberté du monde, comparées à la liberté et à la souveraineté de l'esprit de Dieu, ne sont que servitude profonde, angoisse et esclavage. Aussi l'âme qui est éprise des grandeurs et des dignités ou qui recherche la liberté de ses tendances est regardée et traitée devant Dieu non comme l'enfant libre, mais comme une personne basse, captive de ses passions; elle n'a pas voulu suivre la sainte doctrine du Sauveur, qui nous dit: Celui qui veut être le plus grand sera le plus petit; et celui qui veut être le plus petit sera le plus grand (Luc, XXII, 26). Voilà pourquoi elle ne pourra pas arriver à la liberté royale de l'esprit, qui s'acquiert dans la divine union, car l'esclavage est absolument incompatible avec la liberté; et celle-ci ne peut habiter un coeur assujetti aux caprices dont il est l'esclave: elle habite le coeur libre, le coeur du fils. Tel est le motif pour lequel Sara dit à son mari Abraham de chasser de la maison l'esclave et son fils, parce que le fils de l'esclave ne devait pas partager l'héritage du fils de la femme libre (Gen., XXI, 10).

 Toutes les délices et douceurs que la volonté trouve dans les choses du monde ne sont que peines, tourments et amertumes si on les compare aux délices et aux douceurs de Dieu. Celui qui s'y attache ne mérite devant Dieu que peine extrême, tourment et amertume; aussi ne pourra-t-il pas parvenir aux suavités de l'union avec Dieu.

 Toutes les richesses et la gloire des créatures, comparées à la richesse souveraine qui est Dieu, ne sont que pauvreté absolue et misère profonde. L'âme qui s'attache à leur possession est souverainement pauvre et misérable devant Dieu. Aussi n'arrivera-t-elle pas au bienheureux état de la richesse et de la gloire qui est celui de la transformation en Dieu, car par sa pauvreté et sa misère elle est à une distance infinie de Celui qui est souverainement riche et glorieux. Aussi la divine Sagesse se plaint de ces mortels qui se dégradent, s'avilissent, se rendent misérables et pauvres parce qu'ils recherchent ce qui est beau, grand et riche aux regards du monde, et Elle leur adresse cette apostrophe dans les Proverbes: « O hommes, je crie vers vous; ma voix s'adresse aux enfants des hommes. Comprenez, petits enfants, ce qu'est la sagesse; et vous, insensés, soyez attentifs. Écoutez, car j'ai à vous parler de grandes choses... Avec moi sont les richesses et la gloire, la magnificence et la justice. Les fruits que vous acquérez en me possédant valent plus que l'or et les pierres précieuses, et mes productions plus que l'argent le plus pur. Je marche dans les voies de la justice, dans les sentiers de la prudence, pour enrichir ceux qui m'aiment et remplir leurs trésors (Pro. VII, 4-6, 18-21). »

 Par ces paroles, la Sagesse divine s'adresse à tous ceux qui mettent leur coeur et leurs affections dans une créature quelconque d'ici-bas, selon que nous l'avons expliqué. Elle les appelle petits, parce qu'ils se rendent semblables à ce qu'ils aiment et qui est tout petit. C'est pour ce motif qu'elle leur dit d'être prudents et de considérer les grandes choses dont elle traite, et non ce qui est petit comme eux. Elle leur représente que les grandes richesses et la gloire qu'ils aiment sont avec elle et en elle, et non là où ils s'imaginent. Elle ajoute que l'opulence et la justice sont en elle. Et si les trésors de ce monde leur paraissent précieux, elle les engage à bien considérer que ses trésors sont au-dessus de tout. Car le fruit qu'on en tire vaut plus que l'or et les pierres précieuses; de même, les effets qui en découlent sont plus estimables que l'argent pur qu'ils ambitionnent et qui est l'image de tous les genres d'affections que l'on peut avoir en cette vie.

04/04/2008

La Résurrection des morts est réservée aux justes seulement

 

 

 

   

«C’est ici la première résurrection.

 Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection :

 sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir ;

 mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ,

 et ils régneront avec lui mille ans»

(Apocalypse 20, 5, 6).

 

 

 

               Il y a une grande ignorance théologique dans toutes les réflexions aujourd’hui répandues de façon scandaleuse touchant à la résurrection des corps, ignorance conduisant inévitablement à d’énormes confusions dont le triste spectacle se donne à voir, et surtout à lire, dans de nombreux endroits et en des clameurs déplacées vraiment étrangères à l’enseignement de l’Ecriture. Tout ce pénible bruit provoqué par un discours touchant à la prétendue « dignité du corps », ultime trouvaille pitoyable d’une chrétienté moderne passablement désorientée, discours proféré avec une complaisance indigne si caractéristique de l’état consternant dans lequel se trouve aujourd’hui la foi, devrait nous amener à méditer de nouveau ces lignes de Pascal exposant ce qu’il en est de l’état effectif de notre humaine nature :

 

    

« …Aujourd'hui l'homme est devenu semblable aux bêtes, et dans un tel éloignement de [Dieu] qu'à peine lui reste-t-il quelque lumière confuse de son auteur, tant toutes ses connaissances ont été éteintes ou troublées. Les sens indépendants de la raison et souvent maîtres de la raison l'ont emporté à la recherche des plaisirs. Toutes les créatures ou l'affligent ou le tentent, et dominent sur lui ou en le soumettant par leur force, ou en le charmant par leurs douceurs, ce qui est encore une domination plus terrible et plus impérieuse.

 

Voilà l'état où les hommes sont aujourd'hui. Il leur reste quelque instinct impuissant du bonheur de leur première nature ; et ils sont plongés dans les misères de leur aveuglement et de leur concupiscence qui est devenue leur seconde nature. »

 

[ …] Nous sommes pleins de concupiscence. Donc nous sommes pleins de mal. Donc nous devons nous haïr nous-mêmes, et tout ce qui nous attache à autre chose qu'à Dieu seul. »  

 

( Pensées de M. Pascal sur la Religion et sur quelques autres sujets, 3e édition, Paris, Guillaume Desprez, 1671, [34] ; [70] )
                 
 
 
Mais par delà cet aspect non négligeable replaçant à sa juste place l’homme et la valeur de ses extases sensibles, le point essentiel relatif à la résurrection de la chair tant célébrée et mise en avant par les actuels louangeurs du corps, point cependant qui n’est jamais abordé car parfaitement oublié bien que fondamental, porte sur le fait que la résurrection annoncée par l’Ecriture n’est pas à venir pour tous les hommes, mais seulement pour les justes.

 

 

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                «La pareille te sera rendue», dit le Seigneur, «en la résurrection des justes» (Luc 14, 14). «Mais ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là et à la résurrection d’entre les morts», dit Luc 20,35, «ne se marient ni ne sont donnés en mariage, car aussi ils ne peuvent plus mourir ; car ils sont semblables aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection».

 

                 Nous voyons ici que certains sont estimés dignes d’avoir part à la résurrection d’entre les morts, et de devenir semblables aux anges ; et qu’ils sont prouvés fils de Dieu parce qu’ils appartiennent à cette résurrection et qu’elle est leur part. Si tous étaient ressuscités ensemble, cela ne pourrait être vrai. Il y a une résurrection qui n’appartient qu’aux enfants de Dieu et qui prouve qu’ils sont tels.

 

 

               «Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement». Il y a donc deux résurrections distinctes de caractère et de nature, l’une en jugement, l’autre en vie et complétant pour le corps ce qui a déjà été fait pour l’âme. Le mot «heure» est allégué ici par certaines personnes pour montrer que ces deux résurrections sont simultanées. Cette question a relativement peu d’importance en comparaison du fait que les saints seront ressuscités à part comme ayant déjà été acceptés, et que les méchants seront ressuscités pour être jugés.

 

 

            De même la consommation du siècle (Matthieu 13) n’est pas la fin de cette terre quand elle sera consumée, mais la fin de l’économie actuelle ; phrase bien connue parmi les juifs qui parlaient du olam-hazeh, ce monde ou ce siècle, et du olam-havo, le siècle à venir, ce dernier étant l’époque du règne du Messie. «Le dernier jour» fait allusion à cela ; le croyant ressuscitera quand le Christ viendra et mettra fin à ce siècle (aiôn). Ces termes ne sont certainement pas «la fin du monde». Le Christ ne pouvait pas donner la gloire aux siens lorsqu’Il parlait ; mais lorsqu’Il entrera dans son royaume, Il les ressuscitera et ils régneront avec Lui.

 

 

             Dans l’épître aux Philippiens, nous trouvons la confirmation de la même vérité : «Si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts» ; ce serait un effort bien inutile ; et si l’homme le plus incrédule pouvait y avoir aussi part, il ne serait pas question d’y parvenir. Si, au contraire, les justes doivent être ressuscités à part en gloire, c’est un but qui mérite d’être sérieusement poursuivi.

 

             En grec ce passage a une force que le français ne rend pas. L’apôtre a inventé un mot grec pour exprimer cette résurrection distincte — exanastasis — une résurrection d’entre les morts. C’était ce que Paul cherchait à atteindre. Le Christ, l’objet de la faveur divine, a été ressuscité d’entre les morts, lui, les prémices ; et Paul espérait faire partie de la récolte du Christ lorsqu’Il reviendra du ciel, comme il le dit à la fin du chapitre : «D’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire». Il est donc évident que l’Esprit insiste sur une résurrection qui appartient aux justes et à laquelle les méchants n’ont aucune part. On s’en aperçoit même au sujet des vérités les plus ordinaires : «Attendant l’adoption, la délivrance de notre corps». L’apôtre n’aurait pu se servir d’une expression semblable pour exprimer que le corps sera délivré du pouvoir de la mort, s’il avait eu en vue une commune résurrection en vue du jugement.

 

                De même il est dit dans l’épître aux Hébreux : «Comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, — et après cela le jugement, ainsi le Christ aussi, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent» (Hébreux 9, 27, 28). Ici encore l’incrédule n’a aucune part au salut et à l’attente du Seigneur. Remarquons encore, dans ce passage, que cette part du croyant est en contraste avec la mort et le jugement — part naturelle de l’homme déchu. Nous voyons combien le Christ et le croyant sont associés par le Saint Esprit ; de telle sorte que la vie et la résurrection appartiennent à tous deux : seulement le Christ les possède par droit divin et nous par grâce. Ces croyants se confiaient en Dieu qui ressuscite les morts ; ils savaient que Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi avec Jésus et nous présentera avec tous les saints ; ils savaient aussi que «si notre maison terrestre qui n’est qu’une tente, est détruite, nous avons un édifice de la part de   Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux» (2 Corinthiens 5, 1) ; ils attendaient que ce qui est mortel fût «absorbé par la vie».  Dieu les avait formés à cela même, et leur avait aussi donné les arrhes de l’Esprit, afin qu’ils eussent toujours confiance.

 

                L’inexacte et fallacieuse doctrine d’une résurrection commune à tous, aboutissant au jugement, exclut de telles pensées. Lorsque Le Christ vient pour juger les vivants sur la terre, et qu’Il les trouve mangeant, buvant, achetant, vendant, etc., toute l’Écriture déclare que les justes apparaîtront avec Lui : «Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi». «Le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades». «Quand le Christ... sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire». «Et les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur». «Ceux qui sont avec lui, appelés, et élus, et fidèles». Les anges viendront assurément avec Lui, mais combien de ces passages ne s’appliquent ni ne peuvent s’appliquer aux anges ! «Nous apparaîtrons avec Lui en gloire».

 

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             Ainsi donc avant que le Christ juge qui que ce soit, même les vivants, les justes auront été ressuscités et seront avec Lui. Dieu amènera avec Jésus ceux qui se sont endormis par Lui ; (1 Thessaloniciens 4). C’est cette parfaite association avec le Christ qui donne une telle valeur à la doctrine d’une résurrection distincte des justes.

                 «Tel qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes. Et... nous porterons aussi l’image du céleste». Toutes ces paroles nous enseignent donc, non une résurrection commune des justes et des injustes qui ne devraient être séparés que par le jugement, mais la précieuse vérité que les justes seulement seront associés à Jésus-Christ et séparés des méchants pendant le millénaire à venir où le Christ règnera, puis ensuite il y aura la fin des temps.

 

Qu’adviendra-t-il vraiment des morts après la fin des temps ?

 

               Aucun passage de l’Ecriture ne nous renseigne sur ce point, mais nous pouvons admettre qu’ils seront transmués et préservés. «La chair et le sang, nous le savons, ne peuvent hériter du royaume de Dieu ». D’après la donnée générale des Écritures, nous pouvons donc être tout à fait certains que ces justes, préservés de l’universelle dissolution du ciel astronomique et de la terre, seront transportés (…) dans une condition nouvelle, appropriée à l’état éternel où ils seront introduits»  (W. Kelly, Étude sur l’Apocalypse ).
Ainsi il convient de redire avec saint Augustin : 
-         « C’est par là foi qu’on approche de Dieu, et il est certain que la foi appartient au coeur et non au corps. Mais comme nous ignorons jusqu’à quel degré de perfection doit être élevé le ''corps spirituel des bienheureux'', car nous parlons d’une chose dont nous n’avons point d’expérience et sur laquelle l’Ecriture ne se déclare pas formellement, il faut de toute nécessité qu’il nous arrive ce qu’on lit dans la Sagesse: ‘‘Les pensées des hommes sont chancelantes et leur prévoyance est incertaine’’. »
(La Cité de Dieu, ch. XXII).