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10/04/2010

L’interprétation spirituelle de l’Ecriture

 

 

 

ou

la distinction entre sens littéral et le « littéralisme »

afin d'éviter une interprétation charnelle du texte sacré

 

 

 

 

 

 

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« Une sagesse si profonde se cache dans les paroles de la Sainte Écriture,

que les esprits les plus pénétrants, les plus désireux d’apprendre,

et qui ont passé le plus d’années à cette étude,

 éprouvent la vérité de ce mot de la même Écriture :

Lorsque l’homme croira avoir fini, il ne fera que commencer… »

 

Saint Augustin, lettre 137, à Volusien, 3.

 

 

 

 

 

Si l’Eglise, au cours des siècles, insista comme elle le fit sur la nécessité d’une approche « spiritualisée » des Prophéties, elle le doit à sa fidélité à Jésus-Christ, car  si les Juifs ont interprété de manière charnelle les Prophéties, il importe de constater qu’il existe comme une montée en purification du sens des textes, culminant dans l’Evangile, où le Royaume messianique apparaît toujours davantage comme le Royaume des saints du Très-Haut, préformant dès ici-bas, jusqu’à l’intérieur même d’Israël, la séparation définitive et éternelle des bons et des méchants : « Les saints du Très-Haut recevront le Royaume pour l’éternité, pour une éternité d’éternités. » (Daniel VIII, 18). Cette montée purificatrice du sens de l’Ecriture, fut constatée par l’ensembles des Pères, de s. Jérôme à s. Clément d’Alexandrie, en passant par s. Basile, s. Hilaire de Poitiers, s. Thomas d’Aquin, s. Bonaventure, etc., c’est pourquoi on la retrouve notablement sous la plume des auteurs spirituels et théologiens de la période classique, dont Bossuet.

 

 

 

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Blaise Pascal se fondant sur s. Augustin,

insista sur la nécessité d'une interprétation non charnelle del’Ecriture

 

 

 

On insiste moins, et c’est dommage, sur le fait que Blaise Pascal, dans son apologétique, se fondant sur s. Augustin qui, lui aussi, avait eu à résoudre ces mêmes problèmes, vit très bien la présence de cette orientation purificatrice non charnelle traversant l’Ecriture, et s’exprima à ce sujet avec intelligence face aux esprits forts qui persiflaient au XVIIe siècle, et se moquaient des « naïvetés » contenues dans certaines pages de la Bible, notamment au sujet des descriptions de certaines prophéties qui insistent sur l’accumulation de terres, de richesses, de troupeaux, pour ceux qui seront fidèles à Dieu.

 

Voici ce qu’écrivit Pascal :

-  « L’Ancien Testament n’est que figuratif, les prophètes entendaient par les biens temporels d’autres biens… » 

                   Il précise ailleurs :

- « Nous disons que le sens littéral n’est pas le vrai, parce que les prophètes l’ont dit eux-mêmesL’Ancien Testament est un chiffre, dont on trouve la clef en se souvenant qu’il vient d’un Dieu qui veut être adoré en esprit et en vérité. » [1]

Effectivement, si le Christ ne cessa de reprendre ses disciples, comme il le fit avec la Samaritaine, pour expliquer que Dieu, cherchant de vrais adorateurs, ne souhaitait plus qu’un culte lui soit rendu ni sur une montagne ni à Jérusalem, c’est qu’il voulait être adoré à présent, l’heure étant venu, en « esprit et en vérité » (Jean IV, 23-24), c'est ce que rappela, fort justement, le Saint Père Pie XII, dans sa lettre Encyclique ‘‘Divino Afflante Spiritu’’, qu'il nous faut de nouveau lire et étudier, afinn d'éviter le piège grossier d'une interprétation charnelle de l'Ecriture. 

Note.

1.  B. Pascal, Pensées, [659] ; [587] ; [691].

 

 

 

 

 

 

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Commentaire, par Zacharias,

 de la lettre Encyclique de Pie XII

 ‘‘Divino Afflante Spiritu’’

 

 

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 «Les paroles et les faits de l'Ancien Testament

ont été merveilleusement ordonnés et disposés par Dieu

de telle manière que le passé signifiât d'avance d'une manière spirituelle

ce qui devait arriver sous la nouvelle alliance de la grâce. »

 

SS. Pie XII

 

 

 

 

 

Dans sa lettre Encyclique Divino Afflante Spiritu promulguée le 30 septembre 1943, en la fête de saint Jérôme, dont il est dit dans la dédicace qu’il est « le plus grand des Docteurs dans l'exposition des Saintes Ecritures », Pie XII explique, contrairement à ce que certains soutiennent faussement et avec un soin tout spécial, la nécessité d’une approche spirituelle du sens de l’Ecriture.

 

Comme procède-t-il pour exposer cette nécessité ? Tout d’abord il rappelle l’œuvre de ses prédécesseurs, en particulier Léon XIII et Benoît XV, puis la place de celui qui fut, sans conteste, le plus grand interprète du Texte sacré pour en dégager son sens spirituel, à savoir s. Jérôme :  «A l'occasion du XVe centenaire de la mort de saint Jérôme, le plus grand des Docteurs dans l'interprétation des Saintes Lettres, Benoît XV, après avoir très religieusement rappelé les instructions et les exemples du saint Docteur, ainsi que les principes et les règles donnés par Léon XIII et par lui-même… » [§ 14)].

 

C’est alors, après de nombreuses réflexions [des paragraphes 1 à 26]  portant sur le respect, l’amour et la dévotion que doivent avoir les chrétiens pour les Ecritures en refusant les critiques modernistes qui lui dénient son caractère d’inspiration divine, et que signalant l’importance d’avoir recours au texte original en grec ou en hébreu pour mieux comprendre le sens de l’Ecriture, Pie XII explique, s’agissant du sujet qui nous occupe, soit celui du sens littéral dont il se ferait le promoteur dans cette lettre Encyclique selon une curieuse conception :

 

« Bien fourni de la connaissance des langues anciennes et des ressources de la critique, l'exégète catholique peut aborder la tâche - la plus importante de toutes celles qui lui incombent - de découvrir et d'exposer le véritable sens des Livres Saints. Que les exégètes, dans l'accomplissement de ce travail, aient toujours devant les yeux qu'il leur faut avant tout s'appliquer à discerner et à déterminer ce sens des mots bibliques qu'on appelle le sens littéral. » [§ 27]

 

Première découverte, le sens « littéral » selon Pie XII, est synonyme de sens « original, c’est-à-dire du sens que le mot possède dans sa langue d’origine. Cela n’a donc strictement rien à voir avec un sens des mots « pris au pied de la lettre », ce que l’Eglise qualifie en le rejetant de « littéralisme », tel que le pratiquent les interprètes réformés et protestants évangéliques.

 

Le Saint Père poursuit :

 

« Ils doivent mettre [les exégètes] le plus grand soin à découvrir ce sens littéral des mots [celui qu’il a dans les langues d’origine] au moyen de la connaissance des langues, en s'aidant du contexte et de la comparaison avec les passages analogues ; toutes opérations qu'on a coutume de faire aussi dans l'interprétation des livres profanes, pour faire ressortir plus clairement la pensée de l'auteur. » [§ 27]

 

Comme nous le voyons, nulle position chez Pie XII, visant à considérer que le sens littéral correspondrait à une interprétation littéraliste, ce qui serait absurde et en contradiction avec les Pères cités dans la lettre Encyclique comme les interprètes les plus assurés de l’Ecriture, s. Jérôme et s. Augustin, mais une demande de mieux connaître le sens des mots dans les langues utilisées par les auteurs inspirés. Ce n’est pas du tout la même chose !


D’ailleurs la remarque trouve immédiatement son éclairage dans la suite de la Lettre Encyclique :


« Que les exégètes des Saintes Lettres, se souvenant qu'il s'agit ici de la parole divinement inspirée, dont la garde et l'interprétation ont été confiées à l'Eglise par Dieu lui-même, ne mettent pas moins de soin à tenir compte des interprétations et déclarations du magistère de l'Eglise, ainsi que des explications données par les saints Pères, en même temps que de " l'analogie de la foi ", comme Léon XIII les en avertit très sagement dans l'Encyclique Providentissimus Deus (LEONIS XIII Acta, XIII, p. 345-346 ; Ench. Bibl. n. 94-96). » [§ 28]

 

Remarquable précision de Pie XII ! l’interprétation est confiée à l’Eglise, et non aux lumières particulières de chacun, ce qui invalide l’approche personnelle du texte comme le fait Vincent Morlier, mais de plus cette demande est assortie de l’avertissement :  « ne mett[a]nt pas moins de soin à tenir compte des interprétations et déclarations du magistère de l'Eglise, ainsi [ceci est d’importance] que des explications données par les saints Pères, en même temps que de " l'analogie de la foi " » [§ 28]. Or, les interprétations du Magistère depuis des siècles insistent toutes sur le sens spirituel et s’appuient, à juste titre, sur le principe « d’analogie de la foi » ! L’analogie de la foi qui est l’application du sens spirituel qu’il faut observer à l’égard de l’Ecriture.

 

Dans sa sagesse le saint Père indique donc :

 

« Qu'ils s'appliquent [les exégètes] d'une manière toute particulière à ne pas se contenter d'exposer ce qui regarde l'histoire, l'archéologie, la philologie et les autres sciences auxiliaires - comme Nous regrettons qu'on ait fait dans certains commentaires ; - mais, tout en alléguant à propos ces informations, pour autant qu'elles peuvent aider à l'exégèse, qu'ils exposent surtout quelle est la doctrine théologique de chacun des livres ou des textes en matière de foi et de moeurs, de sorte que leurs explications ne servent pas seulement aux professeurs de théologie à proposer et à confirmer les dogmes de la foi, mais encore qu'elles viennent en aide aux prêtres pour expliquer la doctrine chrétienne au peuple et qu'elles soient utiles enfin à tous les fidèles pour mener une vie sainte, digne d'un chrétien. » [§ 28]

 

Entendons-nous correctement ce que demande Pie XII ? Que les exégètes « exposent surtout quelle est la doctrine théologique de chacun des livres ou des textes ». On est bien loin d’un désir d’en rester au sens premier du texte, à son littéralisme, mais d’aller, de se diriger, vers la découverte de la « doctrine théologique ». Mais au fait, quel est le synonyme de « doctrine théologique » dans la langue de l’Eglise ? Ce synonyme est celui-ci : « Le sens spirituel » !


Afin de mieux encore proposer cette approche selon le sens spirituel, Pie XII conclut ainsi sa lettre Encyclique :

 
« Quand les exégètes catholiques donneront une pareille interprétation, avant tout théologique, comme Nous avons dit, ils réduiront définitivement au silence ceux qui assurent ne rien trouver dans les commentaires qui élève l'âme vers Dieu, nourrisse l'esprit et stimule la vie intérieure… » [§ 29]

 

Cette précision sur le sens théologique, qui élève l’âme vers Dieu, nous montre comment il faut lire et interpréter le court  passage critiquant les exégètes qui prétendent ne rien trouver de théologique dan l’Ecriture et qu’il faut « uniquement » : « avoir recours à une interprétation spirituelle, ou, comme ils disent, mystique. » [§ 29]

 

Le développement confirme pleinement le souci de Pie XII, qui craint que la doctrine théologique ne disparaisse par une approche trop « mystique et intérieure » des âmes chrétiennes du Texte sacré :

 

« Que cette manière de voir ne soit pas juste, l'expérience d'un grand nombre l'enseigne, qui, considérant et méditant sans cesse la parole de Dieu, ont conduit leur âme à la perfection et ont été entraînés vers Dieu par un amour ardent. C'est aussi ce que montrent clairement et la pratique constante de l'Eglise et les avertissements des plus grands Docteurs. » [§ 29]

 

Mais l’avertissement trouve très vite sa sage et harmonieuse correction :

 

« Ce qui ne signifie certes pas que tout sens spirituel soit exclu de la Sainte Ecriture… » ;

 

de manière à être couronné par ce magnifique rappel traditionnel :

 

« …. car les paroles et les faits de l'Ancien Testament ont été merveilleusement ordonnés et disposés par Dieu de telle manière que le passé signifiât d'avance d'une manière spirituelle ce qui devait arriver sous la nouvelle alliance de la grâce. » [§ 29]

 

Est-ce que ceci est clair ? Ce qui « devait arriver sous la nouvelle alliance de la grâce » de qu’elle façon, sous quel mode, par l’effet de quel méthode ? La Réponse est très nette, obvie, incontestable : d'une manière spirituelle !

 

 

La conclusion de Pie XII, merveilleuse et entièrement catholique mérite toute notre attention :

 

« C'est pourquoi l'exégète, de même qu'il doit rechercher et exposer le sens littéral des mots [dans leur langue d’origine], tel que l'hagiographe l'a voulu et exprimé, ainsi doit-il exposer le sens spirituel, pourvu qu'il résulte certainement qu'il a été voulu par Dieu. Dieu seul, en effet, peut connaître ce sens spirituel et nous le révéler. » [§ 29]

 

Comment connaître ce sens spirituel ? Comment être certain qu’il est conforme à l’Ecriture, à l’enseignement de l’Eglise ?

 

Ecoutons pour le savoir les dernières lignes de Pie XII :

 

« Or, un pareil sens, notre Divin Sauveur nous l'indique et nous l'enseigne lui-même dans les Saints Evangiles, à l'exemple du Maître, les apôtres le professent aussi par leurs paroles et leurs écrits ; la tradition constante de l'Eglise le montre ; enfin, le très ancien usage de la liturgie le déclare quand on est en droit d'appliquer l'adage connu : " La loi de la prière est la loi de la croyance." » [§ 29]

 

Cela ne fait plus aucun doute, le sens de l’Ecriture, le sens du texte sacré, est celui donné par la Tradition de l’Eglise qui toujours insista sur une interprétation religieuse des Promesses, c’est celui, expliqué par les apôtres qui tous, absolument tous, nous indiquèrent que la destination du chrétien est à présent céleste,  c’est celui, intégralement spirituel, révélé par Jésus-Christ qui affirma : « Mon Royaume n’est pas de ce monde » !

 

 

 

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04/04/2008

La Résurrection des morts est réservée aux justes seulement

 

 

 

   

«C’est ici la première résurrection.

 Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection :

 sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir ;

 mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ,

 et ils régneront avec lui mille ans»

(Apocalypse 20, 5, 6).

 

 

 

               Il y a une grande ignorance théologique dans toutes les réflexions aujourd’hui répandues de façon scandaleuse touchant à la résurrection des corps, ignorance conduisant inévitablement à d’énormes confusions dont le triste spectacle se donne à voir, et surtout à lire, dans de nombreux endroits et en des clameurs déplacées vraiment étrangères à l’enseignement de l’Ecriture. Tout ce pénible bruit provoqué par un discours touchant à la prétendue « dignité du corps », ultime trouvaille pitoyable d’une chrétienté moderne passablement désorientée, discours proféré avec une complaisance indigne si caractéristique de l’état consternant dans lequel se trouve aujourd’hui la foi, devrait nous amener à méditer de nouveau ces lignes de Pascal exposant ce qu’il en est de l’état effectif de notre humaine nature :

 

    

« …Aujourd'hui l'homme est devenu semblable aux bêtes, et dans un tel éloignement de [Dieu] qu'à peine lui reste-t-il quelque lumière confuse de son auteur, tant toutes ses connaissances ont été éteintes ou troublées. Les sens indépendants de la raison et souvent maîtres de la raison l'ont emporté à la recherche des plaisirs. Toutes les créatures ou l'affligent ou le tentent, et dominent sur lui ou en le soumettant par leur force, ou en le charmant par leurs douceurs, ce qui est encore une domination plus terrible et plus impérieuse.

 

Voilà l'état où les hommes sont aujourd'hui. Il leur reste quelque instinct impuissant du bonheur de leur première nature ; et ils sont plongés dans les misères de leur aveuglement et de leur concupiscence qui est devenue leur seconde nature. »

 

[ …] Nous sommes pleins de concupiscence. Donc nous sommes pleins de mal. Donc nous devons nous haïr nous-mêmes, et tout ce qui nous attache à autre chose qu'à Dieu seul. »  

 

( Pensées de M. Pascal sur la Religion et sur quelques autres sujets, 3e édition, Paris, Guillaume Desprez, 1671, [34] ; [70] )
                 
 
 
Mais par delà cet aspect non négligeable replaçant à sa juste place l’homme et la valeur de ses extases sensibles, le point essentiel relatif à la résurrection de la chair tant célébrée et mise en avant par les actuels louangeurs du corps, point cependant qui n’est jamais abordé car parfaitement oublié bien que fondamental, porte sur le fait que la résurrection annoncée par l’Ecriture n’est pas à venir pour tous les hommes, mais seulement pour les justes.

 

 

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                «La pareille te sera rendue», dit le Seigneur, «en la résurrection des justes» (Luc 14, 14). «Mais ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là et à la résurrection d’entre les morts», dit Luc 20,35, «ne se marient ni ne sont donnés en mariage, car aussi ils ne peuvent plus mourir ; car ils sont semblables aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection».

 

                 Nous voyons ici que certains sont estimés dignes d’avoir part à la résurrection d’entre les morts, et de devenir semblables aux anges ; et qu’ils sont prouvés fils de Dieu parce qu’ils appartiennent à cette résurrection et qu’elle est leur part. Si tous étaient ressuscités ensemble, cela ne pourrait être vrai. Il y a une résurrection qui n’appartient qu’aux enfants de Dieu et qui prouve qu’ils sont tels.

 

 

               «Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement». Il y a donc deux résurrections distinctes de caractère et de nature, l’une en jugement, l’autre en vie et complétant pour le corps ce qui a déjà été fait pour l’âme. Le mot «heure» est allégué ici par certaines personnes pour montrer que ces deux résurrections sont simultanées. Cette question a relativement peu d’importance en comparaison du fait que les saints seront ressuscités à part comme ayant déjà été acceptés, et que les méchants seront ressuscités pour être jugés.

 

 

            De même la consommation du siècle (Matthieu 13) n’est pas la fin de cette terre quand elle sera consumée, mais la fin de l’économie actuelle ; phrase bien connue parmi les juifs qui parlaient du olam-hazeh, ce monde ou ce siècle, et du olam-havo, le siècle à venir, ce dernier étant l’époque du règne du Messie. «Le dernier jour» fait allusion à cela ; le croyant ressuscitera quand le Christ viendra et mettra fin à ce siècle (aiôn). Ces termes ne sont certainement pas «la fin du monde». Le Christ ne pouvait pas donner la gloire aux siens lorsqu’Il parlait ; mais lorsqu’Il entrera dans son royaume, Il les ressuscitera et ils régneront avec Lui.

 

 

             Dans l’épître aux Philippiens, nous trouvons la confirmation de la même vérité : «Si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts» ; ce serait un effort bien inutile ; et si l’homme le plus incrédule pouvait y avoir aussi part, il ne serait pas question d’y parvenir. Si, au contraire, les justes doivent être ressuscités à part en gloire, c’est un but qui mérite d’être sérieusement poursuivi.

 

             En grec ce passage a une force que le français ne rend pas. L’apôtre a inventé un mot grec pour exprimer cette résurrection distincte — exanastasis — une résurrection d’entre les morts. C’était ce que Paul cherchait à atteindre. Le Christ, l’objet de la faveur divine, a été ressuscité d’entre les morts, lui, les prémices ; et Paul espérait faire partie de la récolte du Christ lorsqu’Il reviendra du ciel, comme il le dit à la fin du chapitre : «D’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire». Il est donc évident que l’Esprit insiste sur une résurrection qui appartient aux justes et à laquelle les méchants n’ont aucune part. On s’en aperçoit même au sujet des vérités les plus ordinaires : «Attendant l’adoption, la délivrance de notre corps». L’apôtre n’aurait pu se servir d’une expression semblable pour exprimer que le corps sera délivré du pouvoir de la mort, s’il avait eu en vue une commune résurrection en vue du jugement.

 

                De même il est dit dans l’épître aux Hébreux : «Comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, — et après cela le jugement, ainsi le Christ aussi, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent» (Hébreux 9, 27, 28). Ici encore l’incrédule n’a aucune part au salut et à l’attente du Seigneur. Remarquons encore, dans ce passage, que cette part du croyant est en contraste avec la mort et le jugement — part naturelle de l’homme déchu. Nous voyons combien le Christ et le croyant sont associés par le Saint Esprit ; de telle sorte que la vie et la résurrection appartiennent à tous deux : seulement le Christ les possède par droit divin et nous par grâce. Ces croyants se confiaient en Dieu qui ressuscite les morts ; ils savaient que Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi avec Jésus et nous présentera avec tous les saints ; ils savaient aussi que «si notre maison terrestre qui n’est qu’une tente, est détruite, nous avons un édifice de la part de   Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux» (2 Corinthiens 5, 1) ; ils attendaient que ce qui est mortel fût «absorbé par la vie».  Dieu les avait formés à cela même, et leur avait aussi donné les arrhes de l’Esprit, afin qu’ils eussent toujours confiance.

 

                L’inexacte et fallacieuse doctrine d’une résurrection commune à tous, aboutissant au jugement, exclut de telles pensées. Lorsque Le Christ vient pour juger les vivants sur la terre, et qu’Il les trouve mangeant, buvant, achetant, vendant, etc., toute l’Écriture déclare que les justes apparaîtront avec Lui : «Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi». «Le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades». «Quand le Christ... sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire». «Et les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur». «Ceux qui sont avec lui, appelés, et élus, et fidèles». Les anges viendront assurément avec Lui, mais combien de ces passages ne s’appliquent ni ne peuvent s’appliquer aux anges ! «Nous apparaîtrons avec Lui en gloire».

 

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             Ainsi donc avant que le Christ juge qui que ce soit, même les vivants, les justes auront été ressuscités et seront avec Lui. Dieu amènera avec Jésus ceux qui se sont endormis par Lui ; (1 Thessaloniciens 4). C’est cette parfaite association avec le Christ qui donne une telle valeur à la doctrine d’une résurrection distincte des justes.

                 «Tel qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes. Et... nous porterons aussi l’image du céleste». Toutes ces paroles nous enseignent donc, non une résurrection commune des justes et des injustes qui ne devraient être séparés que par le jugement, mais la précieuse vérité que les justes seulement seront associés à Jésus-Christ et séparés des méchants pendant le millénaire à venir où le Christ règnera, puis ensuite il y aura la fin des temps.

 

Qu’adviendra-t-il vraiment des morts après la fin des temps ?

 

               Aucun passage de l’Ecriture ne nous renseigne sur ce point, mais nous pouvons admettre qu’ils seront transmués et préservés. «La chair et le sang, nous le savons, ne peuvent hériter du royaume de Dieu ». D’après la donnée générale des Écritures, nous pouvons donc être tout à fait certains que ces justes, préservés de l’universelle dissolution du ciel astronomique et de la terre, seront transportés (…) dans une condition nouvelle, appropriée à l’état éternel où ils seront introduits»  (W. Kelly, Étude sur l’Apocalypse ).
Ainsi il convient de redire avec saint Augustin : 
-         « C’est par là foi qu’on approche de Dieu, et il est certain que la foi appartient au coeur et non au corps. Mais comme nous ignorons jusqu’à quel degré de perfection doit être élevé le ''corps spirituel des bienheureux'', car nous parlons d’une chose dont nous n’avons point d’expérience et sur laquelle l’Ecriture ne se déclare pas formellement, il faut de toute nécessité qu’il nous arrive ce qu’on lit dans la Sagesse: ‘‘Les pensées des hommes sont chancelantes et leur prévoyance est incertaine’’. »
(La Cité de Dieu, ch. XXII).